Tu cours après le temps du matin au soir, ras-le-bol, tu suffoques, tu aimerais une pause, que ta montre Omega s’arrête et avec elle, toutes ces obligations de mâle alpha. Moi, je sais ce qui est bon pour toi : une séance toi ligoté, avec privation sensorielle.
Donne tes poignets et tes chevilles que j’y serre les menottes. Tu as de la chance, les gros bracelets de cuir sont bien rembourrés pour que tu puisses les garder toute la séance. Ce sera ton seul confort.
Enfile cette cagoule. Tu ne vois rien ? C’est normal. Il n’y aucun trou pour les yeux. Un petit frisson d’angoisse se propage sous ton épiderme. Mais non, tu as confiance en Maîtresse. Il ne peut rien t’arriver. Enfin ça, c’est que tu imagines, naïf que tu es.
J’ai bien envie de t’enserrer dans des bandes de contention médicales, ça change de la cellophane. J’en ai de deux couleurs : bleu et orange. Je déroule patiemment chaque bande. Je commence par le bas. Pour l’instant, rien de gênant, cette seconde peau entoure tes mollets, tes genoux, tes cuisses, tu te sens contenu (en un mot n’est-ce pas). Le torse maintenant. Là aussi, ça serre agréablement, pour le moment. Tu ressembles à un macramé ou un scoubidou géant.
Allonge-toi à plat ventre. J’accroche les menottes, tes poignets sont désormais fermement fixés à la structure de métal. Tu ne peux plus bouger d’un centimètre. Tu commences à douter : « Et si je ne respirais plus ? Et si Maîtresse Gladys me laissait pour toujours en mode momie ? » Non mais je rêve, tu réfléchis encore ? C’est une forme de résistance. C’est que je dois encore davantage te contraindre.
Je fixe une chaine aux menottes de cheville, je soulève tes mollets et je suspends le tout à un crochet au plafond. Là, tu es bien coincé, saucissonné comme jamais. Ton cerveau cesse toute activité. Tu es à ta place de larve.
Pour que le tableau soit parfait, il manque encore quelque chose. Ah ! ça y est ! J’ai trouvé ! Tout d’un coup, tes oreilles ressentent une légère pression, te voilà plongé dans des chants sacrés, la tête prise par le casque haute-fidélité. J’ai choisi la musique composée par la mystique Hildegarde Von Bingen. De quoi purger ton âme. La sérénité te gagne peu à peu, tu t’en remets à ta Déesse. Tu te fiches de tout ce qui peut arriver. Après tout, as-tu le choix ?
Ligoté sous mon autorité bienveillante, tu te sens en sécurité. Cette paix intérieure te fait un bien fou. Ça peut paraître paradoxal, mais les restrictions que subit ton corps, mes liens libèrent ton esprit. Tu es à point pour que j’abuse de toi. Tu n’es plus qu’un simple objet offert à mes caprices. Tu sens de légers picotements. Ça chatouille, impossible de te gratter… ça pique de façon furtive, sur le mollet droit, la main gauche, la nuque, les fesses. Ton cerveau tente de s’agiter, puis lâche prise. A quoi bon savoir ? A quoi bon tout expliquer ? Tu acceptes, l’acceptation, qualité indispensable du bon soumis.
Un parfum merveilleux pénètre tes narines. Très vite, il les sature. Mais oui, ce parfum, c’est… heu… ta pensée s’évanouit. Les picotements se font piqûres. Sensation qui alterne avec les doigts caressant de Maîtresse puis les vibrations d’un appareil de massage. Toutes ces perceptions se mélangent, tu ne les distingues plus. Je déchire quelques centimètres de bande. Impossible prévoir sur quelle partie de ton corps je vais sévir, sur la chair nue ou la peau bandée ? Par caresses ou dents pointues de ma roue de l’infortune ? Noyé dans de délicieuses fragrances, porté par les chants sacrés, tu flottes dans une forme d’extase. Et moi, satisfaite, je contemple mon œuvre, mon plat sans résistance, petit agneau ligoté façon gigot.
La lecture de ce texte est délicieuse.
Il illustre le rapport D/s dans ce qu’il a de magique.
La contrainte et l’abandon dans la confiance sont parmi les piliers majeurs du BDSM. Merci
Soumis Robert
Magnifique, comme vous maîtresse