Orgie Décadente : fêtards et boule-bâillon en terrain snobinard

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Tu commences à prendre l’habitude de me suivre dans le Paris kinky. Cette fois, je t’emmène à l’Orgie Décadente, fiesta davantage pour pratiquer que pour danser, un évènement fruit de la collaboration de Tinam Bordage (Sadique Master) et Arnauld Mâitre (La Bananeraie, ex-Méchant Garçon), deux punks de l’univers BDSM qui se cassent la tête à nous trouver des lieux surprenants voire total décalés. Donc ce soir pas de techno plein pot, mais du BDSM à fond, ça change de la XX de cet hiver, qu’avait coorganisée Arnauld avec JB-Buda. Cette Orgie Décadente, quatrième édition, se déroule de nouveau dans un quartier ultra huppé, bien sous tous rapports, même les plus extrêmes… 

Une ambiance légère plane dans les rues de Paname, comme un avant-goût de vacances d’été. La journée de chaleur enchaîne sur une nuit à la douce fraicheur, un vent fort agréable vient caresser les corps épuisés par la fiévreuse météo. La berline de sissy Emmanuelle traverse désormais les rues désertes avec de chaque côté, leurs villas de prestige ; nous voilà à Neuilly. Quel calme ! Qui pourrait croire que dans ce quartier dortoir bon chic bon genre, a lieu, ce soir, une fête dantesque, une divine comédie “cravache et cuir” qui nous rappellera que la vie n’est qu’une farce. Sur la présentation de la soirée, il est précisé : “Un haut lieu de la noblesse française reconverti en antre de la dépravation”. Le XVIIIème siècle des Lumières nous a montré que les fins de race ne sont pas les derniers pour la gaudriole. 

Nom de la soirée : l’Orgie Décadente. Toi aussi tu as remarqué ? L’expression sonne de façon détonante. Une orgie implique, de fait, la dépravation, ce qui signifierait que cet évènement se démarquerait par des pratiques “déviantes”, non tolérées dans la luxure bon teint, bien comme il faut. Il est vrai qu’il existe une norme même dans les soirées “sexe”. On pense notamment à la plupart des évènements dits libertins où les règles restent assez strictes : seules les femmes peuvent se faire pénétrer, les rapports entre hommes bis ou gays ne sont pas admis, et surtout, les jeux kinky sont proscrits. Face à l’inquisition sexuelle de la bite dans la chatte, nous les BDSM, nous sommes des hérétiques. Et fières de l’être.

Ça y est ! Nous sommes à la bonne adresse : une bâtisse bourgeoise avec une lourde porte. L’un des organisateurs de l’Orgie Décadente, Arnauld Mâitre nous accueille, chaleureux et survolté, et nous oriente vers les vestiaires. Une chambre sert à se changer. Il y a déjà du monde. Sissy Emmanuelle s’apprête à se transformer, elle étale tous ses sacs. Comme d’habitude, ça va prendre des plombes.

En attendant, je te fais visiter les lieux un brin défraîchis, une maison de grand-mère, donc pleine d’esprits malicieux. Au rez-de-chaussée, le bar avec consos à volonté. Pour éviter l’attente, Arnauld me glisse que, plus tard, il passera avec d’autres membres de l’organisation dans toute la maison pour proposer une petite coupe de champagne. Et à 4 h du matin, il est prévu une distribution de sucreries pour éponger les éventuels excès. Bon, ce n’est pas une raison pour abuser, n’est-ce pas ? 

Croix de Saint-André à foison pour fouettage de fion

Un escalier central monte sur trois étages dédiés à cette Orgie Décadente. Au premier, une grande salle, tout en longueur : parquet bois, une imposante cheminée en pierre sculptée, au plafond des moulures avec des têtes de femmes, un rideau de velours cramoisi, deux canapés. Le reste nous rappelle pourquoi nous sommes là : deux croix de Saint-André, deux grandes cages, une en plexi, l’autre en métal dans laquelle on peut tenir debout, un pilori et un tableau représentant une orgie. Une autre pièce attenante comporte un sling et un portant pour le shibari où une fille est déjà suspendue la tête en bas, un attacheur “à ses petits soins”. Il y en a qui ne perdent pas de temps !

Dans un petit espace intimiste officie un tatoueur. Dans une grande salle avec de grandes dalles de carrelage en damier noir et blanc, un DJ passe de la musique bien dark. Sur un écran géant, un clip flippant : des individus portant des masques à gaz et munis de grosses seringues, s’apprêtent à s’occuper d’une pauvre victime. 

Allez ! On monte d’un demi-étage où se trouve une petite chambre avec matelas. Au deuxième étage, une bouffée d’air salutaire m’indique une vaste terrasse. Le troisième étage, avec ses matelas partout, est consacré à toutes sortes d’assemblages débauchés, ou bien à celles et ceux qui veulent juste chiller. Comme je suis bien maniaque, et j’avoue que mon métier de Domina n’arrange rien, je vérifie la propreté. Les matelas sont tous protégés par des housses et des draps blancs, immaculés, pour l’instant du moins…. Et bien sûr, il y a à disposition des préservatifs, du lubrifiant et du gel hydroalcoolique.

Orgie Décadente Dominatrice soumis

Je redescends près des vestiaires, ma sissy n’est toujours pas prête. Quel ennui ! Pour cette Orgie Décadente, Emmanuelle nous a sorti la parure “mi-pute mi-soubrette” : une robe rouge avec double jupon, sans oublier le fameux tablier, noir dans cette version, toujours avec la guêpière assortie en dessous et les escarpins coordonnés. Vu les escaliers, si ma pupute ne se brise pas une cheville, ça tiendra du miracle. La vie de sissy, c’est toute une organisation à chaque déplacement, avec des tas de sacs à trimballer : “une véritable caravane”, moquerie qui fait s’esclaffer la jeune femme des vestiaires. 

Objets chinés et détournés pour gratifier les parties molles

On va enfin pouvoir festoyer. Ah non, faux départ ! Emmanuelle doit trouver un miroir pour se maquiller, pfff ! Bon ! je rentre dans la grande pièce à jeux du 1er étage. Red Angel, qui se présente comme un sadique non dominant, dessine avec la lame d’un couteau, des coupures sur le dos d’un grand moustachu appuyé sur une croix de Saint-André. Toutes les deux minutes, Red Angel lui demande si ça va, puis le désinfecte. “Rien à voir avec des scarifications”, m’explique le jovial bourreau, “les cicatrices disparaissent en quelques semaines, plus ou moins vite, ça dépend des peaux.

Je remarque sur une table des tas d’objet anciens. Red Angel me montre sa collection de nerfs de bœuf, badines faites à partir de ligaments cervicaux de bœuf, séchés et durcis. Il y a aussi des Perpignans, manches de fouet fabriqués dans la ville éponyme, somme toute bien pratique pour frapper avec doigté. Ce passionné qui chine toutes ses pièces en brocante, a déniché un énorme maillet en bois.  “Ça servait à frapper le linge lavé autrefois à la main et ça, c’est un vieux pilon – tous ces objets sont parfaits pour tapoter les parties molles. Et ça, c’est un brise-glace. Quand tu as devant toi une belle paire de fesses bien rougies, bien mûres, il suffit d’un petit coup de ce marteau pointu pour faire surgir le sang.” C’est la version la plus extrème du knife play, qui peut aussi juste s’en tenir à faire peur avec une lame.

Dans un coffret ouvert, j’aperçois des lampes et un manche où les fixer. Je reconnais un violet wand super old school, ce drôle d’appareil qui envoie des picotements plus ou moins agréables sur la peau. Dans les années 30, ce genre d’appareil servait à soigner les tendinites et autres soucis musculaires. Comme ça marche avec un champ électromagnétique, faut juste faire attention que personne alentour ne porte un pacemaker ou une pompe à insuline, qui pourraient être alors déréglés.

Pendant ma visite de ce mini-musée de la torture raffinée, une Domina encage deux toutous vêtus de harnais, laisses et strings. Elle leur donne des ordres qu’ils exécutent en même temps. Quelques minutes plus tard, ils seront libérés, rejoins par un troisième larron et se retrouveront allongés et alignés par terre, servant de paillasson à des Dominas. 

Saintes Dominas et qualités attendues de leurs dévots

L’Orgie Décadente s’est remplie d’un coup, mélange de toutes les générations. Côté tenues, on est plus dans le BDSM que dans le fétichisme. On est là pour pratiquer et il faut se sentir à l’aise d’autant que la maison n’est pas climatisée. Donc, peu de latex. Voici un petit florilège de ce que j’ai relevé et qui pourra t’inspirer toi le soumis lecteur : corset, porte-jarretelles, bas résille et bottes à hauts-talons sur le corps glabre d’un chauve extraverti. Ou bien kilt en cuir, lourde ceinture et tee-shirt noir d’un barbu qui semble s’être échappé du dernier Hellfest. Ou encore pantalon de cuir et marcel noir d’un « Gen Z » venu retrouver ses potes. Côté femmes, j’ai cru apercevoir une kitten, avec oreilles pointues et longue queue.

Je croise Maîtresse Solenne, l’organisatrice du Dîner des Maîtresses auquel j’avais participé la semaine dernière. Nous tombons d’accord sur une évidence : 

– Tous ces soumis à dresser, ces culs à mettre au pas, ce n’est pas facile. 

– M’en parle pas, je dois tout leur apprendre : à mettre la table, à servir, nous sommes des Saintes ! Il est vrai que, nous les Dominas, nous méritons nos vacances pour nous remettre de toute cette fatigue. De la bonne fatigue d’ailleurs, celle mêlée à la satisfaction du devoir accompli. 

Mais… je le connais celui-là ! Mais oui ! C’est Djalil, soumis lui aussi croisé au fameux dîner de Solenne. Je lui avais martyrisé les tétons mais j’avais été interrompue. Impeccable ! Je vais pouvoir terminer ce que j’avais commencé. Sous ses airs de jeunot dans son shorty cuir moule-fion, Djalil a déjà quelques années d’expériences. Si je peux l’aider à continuer de creuser son sillon…

Après un petit verre, j’irai bien sur la terrasse prendre l’air. Je monte entourée de mon aréopage, Emmanuelle et Djalil. Arnauld qui passe par là, nous met en garde : “évitez de marcher sur les carreaux en verre dépolis au sol, la solidité n’est pas certaine, autant éviter l’accident”. Je tords les tétons de Djalil, il va falloir qu’on parle. “Connais-tu les qualités à développer pour être un bon soumis ? La confiance totale en sa Maîtresse”, je fixe des pinces à linge sur ses seins ; “l’acceptation de ta condition de lavette”, je sors mon petit martinet de latex et je frappe les pinces – le soumis se plie sous la douleur ; “l’humilité”, je frappe, les pinces se tordent dans toutes les directions ; “la patience”, encore une dizaine de coups ; “la gratitude…”

 – Merci Maîtresse !

– Bon ! Il y a d’autres qualités encore, mais ce sera tout pour ce soir. Autant te dire que pour atteindre la félicité de l’esclave, c’est le chemin de toute une vie. N’est-ce pas, Emmanuelle ?

Orgie décadente, donc loin des bonnes mœurs du partouzement correct

Allez hop ! Je vais lui chauffer les fesses à celle-là, comme ça, sans raison. Comme s’il en fallait une… Je descends, l’attache à une croix de Saint-André et me défoule sur le séant de la demoiselle. Je donne aussi des coups entre les jambes histoire que ça cogne les coucougnettes bien comprimées dans la cage de chasteté. Bon, ça ira ! 

Je jette un coup d’œil à la salle du DJ où ça danse peu. Soyons honnête, l’Orgie Décadente se veut davantage une soirée pour pratiquer que pour guincher. Si le réglement précise bien les règles de consentement, en revanche, je ne sais pas comment reconnaître les angels, ces personnes à qui l’ont peu parler en cas de souci.

Sur l’écran géant, un film expérimental montre une femme-enfant masquée avec des piquants. Elle tient dans sa main un fagot de bois qu’elle trempe dans de la peinture rouge et qu’elle jette derrière elle, sur un mur blanc. Et elle recommence sans fin. Pourquoi ? Et pourquoi pas ? Je te le répète : pas besoin de raison.

J’irais bien glisser une tête aux Love Rooms, les pièces du 3ème étage avec des matelas par terre. Un homme tatoué se retrouve pris en sandwich, côté pile, il joue du flutiau souple grâce à l’aide d’un camarade, côté fesses, une dame lui sonde les abysses. Let’s fist again !

Retour à l’air frais de la terrasse très appréciée des fêtards, quelle bénédiction ! Hélas, les voisins finiront par se plaindre du bruit et nous devrons bientôt rester à l’intérieur. D’ici là, je profite de l’aubaine, assise sur une chaise, je me fais masser les pieds, le gauche pour Djalil, le droit pour Mademoiselle Emmanuelle qui apprend au premier, pas très doué, comment faire. A côté de moi, un jeune homme avec une grosse corde de 5 centimètres de diamètre, m’explique tout ce qu’on peut faire avec : attacher mais aussi fouetter. Il me prête des pinces de métal bien sadiques que j’applique sur le sein de Djalil. La forte douleur provoque chez lui un sourire entre béatitude et affectation. 

Ce soir, pas de saucisses party, il ne faudrait pas que ce genre de cabrioles devienne systématique à chaque sortie. C’est bien que ma sissy chaude du boulard soit un peu frustrée. Eh oui ! C’est la dure condition de femme soumise. 

Seul mon plaisir compte, il est souverain. Les pieds malaxés, je me délasse. Qu’il est fou de ne rien faire quand tout le monde se fouette autour. L’apocalypse n’a jamais été aussi douce. 

Photos : Daniel Power, complice de longue date qui immortalise depuis des décennies le Paris déluré « pan-pan fessée ».

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